Alessandro Quaranta
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Alessandro Quaranta

Quelle montagne che m’impediscono di vedere

 

L’Ecole du Regard – Point de vue [17]

Samedi 20 octobre 2018 – projection à 17h

 

 

Il s’agit d’un travail où, déjà dans le titre, la question du regard est centrale, entrelacs entre réalité, mémoire et imaginaire. La voix qu’on écoute dans la vidéo appartient à une vieille dame qui raconte un épisode de sa jeunesse à l’époque de son immigration, à partir des vallées piémontaises en Italie pour travailler comme dame de service, dans une famille en Provence. L’histoire se condense autour d’un moment crucial de la Seconde Guerre mondiale quand, juste avant l’événement de déclaration de guerre à la France, la femme à l’époque très jeune, reçoit une lettre qui lui annonce la maladie de sa mère. Les frontières avec l’Italie sont fermées, et seulement un jeu de relais va créer le pont qui rendra possible le passage des paroles, ici et au-delà des montagnes, avec la complicité d’un soldat de la légion étrangère originaire de la Suisse, pour arriver à connaître la situation de sa famille.

 

Avec la même intention, je chois de compter sur la traduction visuelle de ce témoignage d’un autre auteur, un cinéaste, en lui demandant de refaire le voyage dans ces régions et de filmer de manière tout à fait libre les lieux mentionnés ou évoqués par l’histoire de la vieille dame. Même dans cette situation, on ne voit pas la protagoniste, sauf pour une brève apparition en final de la vidéo. C’est le son de la voix, en langue hybride des lieux de frontière (elle parle en occitan, et en français au même temps), à créer le rythme de narration ; elle fournit la température émotionnelle, entre vision de paysages et parties de noir sans image: le panneau qui annonce l’arrivée au village de Le Tholonet, dans lequel a vécu la dame qui raconte son histoire, la route encadrée par le pare-brise de la voiture, et après les arbres, le bassin d’eau, le ciel. Ce sont les traces d’un voyage à rebours dans le temps, d’une « seconde mémoire » où, en absence des protagonistes, le paysage même domine la vision, ici par un effet de legs aussi : le puissant profil de la montagne de Sainte-Victoire, sur lequel Cézanne a posé longuement son regard, devient une frontière où se croisent les imaginaires et où trouve lieu l’histoire.

Alessandro Quaranta est né à Turin, en Italie, en 1975

 

Son travail à été montré dans plusieurs institutions, Le GAM (Musée d’art modern de Turin – 2014) FSRR (Fondation Sandretto Re Rebaudengo), Autograph ABP (Londres 2012), Musée d’art moderne de Louisiane (DK), 2011 / PAV (Turin) CESAC (Caraglio, Italie) 2010 / Musée d’art contemporain de Caracas, Venezuela, 2009 / DOCVA, CareOF (Milan) 2008. Il a participé à la triennale du Valais, Suisse en 2014 – et la Xeme biennale de Lyon en 2009.